Killzone Shadow Fall est sans aucun doute l’argument majeur de la PS4 pour son lancement, et techniquement il n’y a rien à redire. Mais ce FPS de science-fiction dystopique s’imposera-t-il simplement sur des critères technologiques ? Si Guerrilla a parfaitement fait ce boulot, les autres aspects du jeu méritent qu’on s’y attarde.
Après la destruction d’Helghan (la planète des méchants avec des casques de nazis) par les Vektans (les gentils sans casque de nazi), une trêve est signée entre Helghasts et Vektans : on arrête de se friter mais on donne la moitié de Vekta aux Allem…Helghasts. Les nouvelles bases sont posées : désormais, on lance des missions d’infiltration à grands coups de « c’est pas moi » sur une planète où seules deux factions sont présentes. Du coup, vu que personne n’est complètement débile, ça commence à sentir mauvais et à dégénérer méchamment. Disons-le tout net : le scénario n’offre même pas le côté pratique de casser des briques, malgré les éloges de la critique générale. On semble oublier que les nanars les plus intenables du petit écran sont bâtis sur la même opposition entre militaires haineux/classes dominantes nombrilistes et peuples divers et variés mais tous drôlement gentils. Un peu de manichéisme basique comme on l’aime ne fait pourtant pas de mal quand on n’a pour idées que des brouillons griffonnés sur du papier toilette, surtout pour un FPS où le fun est précisément d’arroser du méchant à la mitraillette — ou alors je suis vieux jeu.
D’ailleurs parlons-en, du FPS… Le système est bien rôdé. L’interface est bien pensée, les commandes également — si l’on oublie qu’il faut appuyer sur O, la touche pour se baisser, pour monter dans les vaisseaux, plutôt que la touche X qui sert à sauter. Les drones sont tactiquement intéressants et intelligents, même si je ne comprends pas l’intérêt de glisser son doigt de long en large de la manette pour sélectionner les options — que ceux qui n’ont pas lâché la manette en essayant de tout faire en même temps lèvent la main — mais disons que c’est la manette qui impose ce poids supplémentaire et non le jeu. Le jeu reste assez rigide, mais c’est un Killzone ! Là où je suis dubitatif, c’est que le gameplay change régulièrement, supprimant tantôt les drones, tantôt les armes, les remplaçant soit par rien soit par des gadgets inutiles si ce n’est pour franchir des obstacles placés là pour donner un prétexte de s’en servir. Une multiplicité qui pourrait produire une diversité bienvenue si chaque gameplay n’était bâclé et expédié au détriment des autres. Au final, heureusement que le principe de fond ne change que rarement : tu vises et tu tires.
Venons-en à la durée de vie tant vantée de la campagne solo : du vent. Dix heures, c’est très bien, quand le jeu est bon, mais il doit facilement y avoir là-dedans 2 ou 3 heures de « marche de A à B sans courir » et « échange tes armes », sans oublier les « cinématiques jouables » (entendons des passages du jeu où on va se faire un sandwich parce que tout ce qu’on peut faire c’est regarder autour de soi avec le joystick droit). Honnêtement, l’alternance de gameplay casse toute immersion, ce qui est bien dommage. Le dernier point négatif dont je parlerai est la répartition chaotique des points de sauvegarde. En fait, la sauvegarde se fait au début de chaque « mission » (ou « chapitre », je ne sais pas trop), en général on repère ces passages parce qu’ils sont juste avant un passage mou (marche, regarde autour de toi dans la navette qui bouge toute seule…) ou tout simplement au milieu de certaines actions — ne me demandez pas lesquelles, cela dépend du sens du vent. Il y a bien de nombreux points de contrôle durant les missions, mais n’allez surtout pas vous amuser à éteindre la console avant la prochaine mission, malheureux !
Au final, Killzone Shadow Fall est sans aucun doute un bon jeu procurant une expérience agréable bien que légèrement incomplète — sensation renforcée par la fin du scénario qui tombe comme une bouse sur une planche. A l’heure actuelle, le faible choix de jeux sur la toute nouvelle PS4 me pousserait à vous conseiller Killzone Shadow Fall, qui se montre original à défaut d’être très intelligent d’un point de vue scénaristique. Le multijoueur vous fournira sûrement la longue expérience de jeu qui m’a manqué dans ce solo, ayant pour ma part lâché l’affaire après la campagne pour retourner à Arkham Origins.