« Enfin le nouveau Rob Zombie ! » se dit-on, entendant le facteur glisser le colis dans la boîte aux lettres. On l’aura attendue, la sortie VF de The Lords of Salem. Et on se demande pourquoi, une fois encore, un Rob Zombie sort directement en vidéo. Puis on voit le film. On comprend. The Lords of Salem poursuit la chute amorcée par Halloween 2 dans un auteurisme quelque peu obscur bien qu’intéressant.
Comme d’habitude, la photographie est impeccable, tout comme les acteurs, le son, et tout ce qui définit techniquement un film. La BO est la plupart du temps adaptée à l’oeuvre, confirmant la maîtrise musicale de Rob Zombie ; maîtrise que l’on aimerait davantage trouver dans sa propre activité musicale, soit dit en passant, car, du point de vue de ses films, rien n’a jamais été à redire à ce niveau. Un 10/10 technique, en somme.
Mais alors… qu’est-ce qui fait que ce Rosemary’s Baby moderne ne vaut pas plus que le film vieilli de Roman Polanski ? Le rythme lent du film vaut n’importe quel Alfred Hitchcock. Ou n’importe quelle daube du début des années 60. La régularité du rythme est l’un des points forts de The Lords of Salem, installant insidieusement l’esthétique toute personnelle de Rob Zombie. Tout est là : les néons rétro, les créatures tout droit sorties de clips de black metal déjantés, les personnages hauts en couleur et toujours aussi stupides, possédant tous un caractère propre… Si le fait que Rob Zombie bascule dans le cinéma fantastique, depuis l’horreur gore à laquelle il nous habituait jusque-là, nous dévoile une facette supplémentaire de l’auteur, l’esthétique antéchristique du film est parfois trop poussée, donnant au film un côté malsain que l’on préfère voir dans un clip de Marilyn Manson que dans un film fantastique, même lorgnant sur l’horreur.
En fait, le côté malsain de The Lords of Salem collerait plutôt bien au film, si le scénario suivait. Le maquillage de Sheri Moon Zombie nous laisse même penser qu’elle correspond à son rôle d’adolescente de 40 ans. Le scénario se déroule lentement mais efficacement… jusqu’à la fin, soudaine, où l’on comprend qu’il n’a tout bonnement aucun enjeu. Le film est un documentaire totalement inutile sur la naissance de l’Antéchrist. Pourquoi ? pour rien. Sans dévoiler la réalisation de la fin, je peux vous dire qu’il n’y a rien à attendre du scénario de The Lord of Salem ; ni surprise, ni identification aux personnages ou empathie pour eux, ni quoi que ce soit du premier au centième degré inclus. Même le personnage masqué de la bande annonce, si imposant et charismatique, ne fait qu’un passage éclair, promenant bêtement ses chiens. Quentin Dupieux nous l’aurait expliqué tout aussi bêtement : « No reason. » Accordons tout de même au film que l’utilisation des rêves est plus justifiable que dans Halloween 2, où ils étaient clairement de trop. Ici, les rêves amènent tout en douceur la fin inéluctable des femmes de Salem, parties d’un tout parfaitement huilé.
En bref, pour en finir sur le film et laisser aux professionnels de la critique le soin de l’encenser ou de le conspuer, The Lords of Salem est plutôt agréable à regarder avant que la chute ne nous tombe sur la tête. A cet instant précis, on passe d’un 7/10 à un 4/10 sans autre forme de procès de sorcières. Le générique sous forme de documentaire, semblable à l’entrée en matière de The Devil’s Rejects, rattraperait légèrement le film si le support n’était pas si pauvre.
Aucun bonus ! Rien ! Rien à part une poignée de bandes-annonces passables. Que dire de l’option audio-3D ? C’est sympathique si on veut regarder le film tout seul, mais je ne vois pas l’intérêt d’offrir cette option au détriment de tout le reste.
En résumé, si le film se laisse largement regarder, l’investissement dans ce blu-ray sans aucun supplément reste plus que douteux. J’attends avec impatience le prochain Rob Zombie, pour peut-être voir sa maîtrise cinématographique au service d’un scénario valable.
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