Parmi les contributeurs de French Geek Movement, les avis divergent et les débats s’enchaînent ! En attendant la sortie en DVD et Blu-ray de Elysium le 14 décembre prochain, nous vous proposons 2 critiques du film, une plutôt pour et l’autre contre.
Critique « POUR » de Riko :
Elysium est un film de science-fiction sorti le 14 aout 2013, réalisé par Neill Blomkamp un jeune sud-africain de 33 ans dont le seul long-métrage précédent est District 9 . Son domaine de prédilection : les effets visuels. De sa publicité Citroën (voir la vidéo en bas d’article) à District 9, il est vrai que le talent est au rendez-vous, et Elysium n’échappe pas à la règle ! Des survols des ghettos de Los Angeles, des plans spatiaux de la station orbitale et des vues à la troisième personne en plein combat pour une meilleure immersion, il est sûr que le spectateur profite pleinement de l’écran du cinéma.
Le monsieur est également scénariste du film, un investissement important de sa part, qui mérite le plus grand respect. Le scénario tient la route. Elysium est une épopée dans le sens où le héros part de rien, simple usinier dans un Los Angeles surpeuplé et ruiné en 2154. Mais sa destinée est grande, et le spectateur va le suivre dans cette grande aventure qui pourrait changer l’équilibre social de la planète terre. Car il existe deux catégories de personnes dans ce futur : ceux très riches, qui vivent sur la parfaite station spatiale crée par les hommes appelée Elysium, et les autres, ceux qui vivent sur la Terre. Les failles du film sont là, le contraste pauvre/riche est un peu trop simpliste et avec la technologie accessible sur Elysium, on se demande vraiment pourquoi elle n’est pas employée à améliorer les conditions sur terre. Alors oui, on peut se dire par égoïsme ou pour contrôler la masse mais cette situation semble excessive. Elysium est une critique sociale des disparités existantes de notre époque, entre les hémisphères nord et sud. Et personnellement, je trouve intéressant de rappeler cette triste réalité au grand public.
Niveau casting, les choix sont intelligents :
- Matt Damon (Max) en tête d’affiche, crâne rasé, une belle prestation dans un genre où il est peu exploité.
- Jodie Foster (Ministre Rhodes) en méchante, peut-être un peu trop rigide.
- Sharlto Copley (Kruger), acteur fétiche du réalisateur qui jouait le rôle principal de « District 9 « , dans un rôle sans concession dans Elysium
- Alice Braga (Predators, Repo Men), une jeune actrice brésilienne, qui mériterait d’être plus connu.
Avant District 9, Peter Jackson avait choisi Neill Blomkamp pour réaliser l’adaptation du jeu vidéo Halo. Malgré quelques essais prometteurs, le film est annulé à cause d’un budget jugé excessif. Justement, on retrouve dans Elysium le concept de la station spatiale de la forme d’un gigantesque cercle habitable. Maintenant que Neill Blomkamp a fait ses preuves sur 2 longs-métrages de qualité, confiez-lui un bon scénario, un gros budget, et en avant le space-opéra Halo !!!
Elysium est donc LA bonne surprise de l’été 2013, moins attendu que Man of steel, il vous surprendra agréablement ! Brutal, réaliste, il ne cible pas le grand public, il s’assume comme un spectacle pour un public mature. Et on aime ça !
Critique « CONTRE » de Davidov :
Neil Blompkamp avait surpris son monde en 2009 avec son premier long métrage District 9, petite série B de SF faisant la démonstration de son savoir faire en matière de SFX photo réalistes parfaitement intégrés dans une mise en scène « tout à l’épaule ». Nanti de la mention « Peter Jackson approved », Blompkamp, déjà bien vu par la communauté geek suite à sa trilogie de court-métrage sur Halo, se voyait projeté « nouveau chouchou » par celle-ci et par la critique malgré des facilités hype de mise en scène (le found footage) ou des scories scénaristiques trop voyantes, notamment concernant la trajectoire du personnage principal.
Ces lacunes étaient cependant compensées par une production design bluffante, des idées de SF hardcore où se croisaient les influences de Cronenberg, de Tsukamoto ou encore Cameron, et une générosité dans la dernière demi-heure bienvenue avec règlement de compte au lance roquette et utilisation de mecha Goldorak-esque. 30 millions de dollars investis pour 210 millions de recettes : Blompkamp est bankable et peut s’attaquer à une œuvre d’envergure. Pas d’adaptation de comics, pas de reboot, pas de remake ou de suite de préquel mais Elysium, une œuvre originale écrite par lui-même.
Elysium nous plonge d’entrée dans un univers d’anticipation ultra réaliste, un Los Angeles de 2154 ressemblant à un gigantesque bidonville à la limite du post-apo, une terre totalement abandonnée aux pauvres affamés, exploités et livrés à des gangs par des riches vivant dans la station orbitale Elysium. On va coller au basque de Max (Matt Damon, trop star pour jouer Monsieur tout le monde), un ouvrier irradié dans son usine à qui il reste 5 jours à vivre et qui va devoir se rendre sur Elysium pour avoir accès au Med-Pod, une machine qui guérit tout. Problème : Max est un pauvre et la santé est interdite aux pauvres. Il va donc devoir accepter la proposition d’un ami, à savoir la greffe d’un exo-squelette pour lutter contre la douleur et enlever un riche homme d’affaire (son patron à l’usine) afin de lui voler des informations sur Elysium et Cruella, pardon Jodie Foster (méchante parce que méchante). Max va donc se retrouver en possession d’informations capitales, pourchassé par des méchants hommes de mains, sur terre, dans l’espace et sur Elysium…
La première demi-heure d’Elysium nous présente donc le monde des pauvres, L.A à 80% hispanique, où les gens tentent de survivre soit en travaillant à la chaîne dans des usines de montage, soit de divers trafics plus ou moins légaux. La présentation de Blompkamp se fait de manière brute : on retrouve sa caméra portée tremblotante et ses longues focales déjà employées sur District 9, décrivant la vie de cette population parquée, vivant dans la poussière et les maladies, entourée d’une présence policière robotique des plus violentes. On pense beaucoup au précédent film du réalisateur (Elysium et District pourraient se passer dans le même univers à une centaine d’années d’écart), un peu à Gunnm, un peu à Iron Man, un peu à du Darrow (pour certains choix visuels…) Pas mal d’emprunts à droite et à gauche qui arrivent cependant à rester cohérents et impressionnants dans l’univers proposé.
Puis au moment où tout devrait s’emballer, à savoir lors de l’enlèvement (scène au demeurant bien torchée, la moins sky-camé), on a le mercenaire ultime qui arrive (Sharlto Copley, sur-jouant un méchant très méchant) avec sa bande de chiens fous tous plus grimaçants les uns que les autres, un script qui patine méchamment pendant le deuxième acte pour retrouver la copine de Max, son amour d’enfance, déjà maman d’une petite fille qui sortira à notre héros « la-tirade-moralisatrice-qui-lui-fera-ouvrir-les-yeux » qu’il pourra nous resservir à la fin du film. De longs tunnels de dialogues inintéressants, une caractérisation à la ramasse (le personnage de Copley se découvre des envies de chef totalitariste et violeur on ne sait pas trop pourquoi) et un scénario alignant les idées qui tuent sans en exploiter aucune. Blompkamp filme des acteurs en pilotage automatique, et se borne à une illustration de la lutte des classes digne d’un gamin de 8 ans. La dernière partie du film, totalement inutile, incohérente (les aller-retour sur Elysium), frustrante (l’armure c’est bien cool sur les affiches, pour la justifier et l’utiliser dans le film, c’est autre chose), voir carrément embarrassante (les plans Benetton), le tout servi par une mise en scène plombante, étriquée et pleine de shaky-cam pour camoufler le manque d’idées.
En résumé, là ou Elysium aurait du/pu être la confirmation de son auteur, il échoue sur quasiment tous les tableaux, à peine sauvé par une exposition correcte, quelques effets gores sympathiques et surtout sa production design qui, comme pour District 9, à reçu toute l’attention de son scénariste/ réalisateur. Une bien maigre consolation après les espoirs placés en Neil Blompkamp, bien moins à l’aise dans le cadre d’un blockbuster de studio que dans son Joburg natal et ses crevettes.
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